Hello tous.
Je vous raconte mon dernier grand trajet... side, sinueux, soleil, suée et saucisson.
La cible : un aller-retour Orléans-Carcassonne. 1800 bornes.
Le moyen : ça peut être une place arrière de Honda Civic, une guzzi, ou le side-car.
J'aime bien le Pascalou, j'aime bien les japonaises, mais bon faut pas pousser, y aller en voiture, ça serait vraiment la dernière extrémité. Bon.
Le problème : en pleine rééducation après le radius cassé de mi-juin, vais-je tenir ? J'ai essayé la moto, en appui sur les bracelets, c'est pas jouable.
Alors je me vois contraint ;-) d'y aller en side ; obligé de tester mon biniou pour de vrai.
C'est quand même un peu sport, puisque je n'ai jamais fait plus de 50 bornes avec, et qu'on peut pas dire que mes roulages de juin se soient soldés par une réussite totale, sauf pour tester les urgences.
Mais bon (la grand-mère du Chevalier Noir tm), après tout en 2006 j'étais parti à la NC avec la guzzi sans jamais avoir roulé avec auparavant. D'accord la bécane n'avait pas tenu jusqu'au bout du week-end, mais une bonne partie quand même.
Donc c'est dit, j'irai en side.
Après l'accident de juin, j'avais réparé l'ensemble du side, c'est à dire essentiellement la tête de fourche et l'amorto de direction.
J'ai voulu remplacer le cache alternateur, mais je me suis alors aperçu que la fourche s'était tordue, vers l'arrière : je suis donc obligé de garder le même cache, en réparant le trou. Sous le cache, le capteur d'allumage est un peu cabossé, mais il semble bien fonctionner encore.

La fourche tordue doit un peu augmenter la chasse, le side sera peut-être plus stable mais plus physique à conduire.
On verra.
Pour éviter au panier de se lever trop facilement comme lors de mon accident de juin, je trouve 40kg de fonte à mettre au fond du panier. Maintenant, faut être vraiment motivé pour lever, et ça ne vient pas par surprise.
Peu avant de partir, je m'aperçois d'un problème qui empire : l'amortisseur de couple se déclenche systématiquement à chaque démarrage. Je soupçonne le bras oscillant, un vieux machin que Daniel m'avait filé gratis avec le couple conique. C'est pas grave, j'en ai deux autres en stock ; je change, et maintenant c'est la première qui ne verrouille plus. Relation de cause à effet ? Je ne sais pas, mais il va falloir rouler sans première, un peu sport quand on voit le poids de l'attelage.
On verra.
J'en profite pour ajouter rapidement un frein au side ; ça faisait longtemps que je voulais en mettre un, sur les conseil de Daniel, mais je butais sur la réalisation de la pédale. Au final, un bête barre d'attache de volet fera l'affaire.

C'est un peu rustique de fabrication, on évitera de rouler en hors-piste dans des branchages qui pourraient se coincer dedans, mais ça devrait marcher. Pas vraiment essayé, parceque je garde ma fille qui a peur du bruit du side. Pour l'apprivoiser, j'ai fait rouler un peu sans moteur, en poussant, mais c'est pas comme ça que je vais tester mon frein !

Je pars, tranquille dans l'après-midi ; les petites routes de sologne permettent de se mettre en jambe tranquillement. Il n'y a pas encore de gros virages... pour être plus sûr, je me suis donné 36 heures pour arriver.
Après la Sologne, j'opte pour le rapide pour l'inintéressante traversée du Berry par la 20. Une horreur. Le side est quasi impossible à tenir, c'est super physique, je roule à 110 en étant obligé de tenir fermement le guidon pour éviter de partir à droite. Il n'y a que lorsque la route tourne un peu à droite que je souffle.
Je sors dès que je peux, c'est à dire dès les premières ébauches de virages, au sud d'Argenton sur Creuse

Premier coup de stress sur un virage à droite en descente, et malgré les 40 kgs de lest dans le panier, je suis bien content du frein de panier, qui me permet de rester sur ma file ; ça valait le coup de monter ça. En revanche, lorsque dans un virage à gauche je freine de l'AR avec les deux systèmes couplés

,
le panier est trop freiné et je pars vers la droite ! Le contraire de ce que je voulais. je profite du premier arrêt pour désolidariser les pédales.
Descente tranquille/rapide (enfin, rapide pour un vieux side, hein !) vers Bourganeuf et le lac de Vassivières, où j'arrive en début de soirée pour un sympathique pique-nique au soleil couchant. Le roi n'est pas mon cousin !
redépart.
Le casque jet et les climax : le style y est, c'est classe, mais à la nuit tombante, on se prend toutes les mouches et autres guèpes dans la tronche, et ça fait mal. C'est bien plus confortable de mettre un foulard sur la bouche, à condition d'arriver à le maintenir en place ! grr, c'est agaçant de tenir les dents serrées pour éviter que ça glisse ! Je suis une fashion victim.
Bon, c'est pas tout ça, la nuit commence à noircir, je cherche un petit coin sympa pour dormir.
Je me souviens, il y a deux ans, d'avoir
longuement cherché un lieu tranquille pour bivouaquer près d'Issoire.
Le secret, c'est de trouver une route vraiment peu fréquentée. Alors je trouve une petite route près d'Egletons, qui ne sert visiblement qu'à desservir la métropole de
Chazalnoël
C'est là que je me poserai pour la nuit, tranquille, sans une seul voiture me dérangeant de toute la nuit. Il n'a pas plu, tant mieux.

Le lendemain, au réveil, mauvaise surprise : un boulon de maintien du bras oscillant du side s'est fait la malle. C'est visiblement une PNI (Panne Non Immobilisante) puisque j'ai roulé comme ça hier soir, mais c'est un peu bizarre de voir combien la roue est de guingois

Il faut trouver une solution ; j'ai bien un boulon de rechange, mais pour le mettre il faudrait soulever le side, trop lourd à faire sans cric. Donc à moi de trouver un cric quelque part. Ou, soyons autonome, de me débrouiller sans.
Justement, en partant, j'avais pris une grosse sangle, en me disant que ça pourra servir à sortir le side d'un fossé. un bon piquet, une sangle, et hop, voici le panier réparé !

On peut rouler. J'ai la journée devant moi, et j'ai bien envie de repasser sur la corniche de Néronnes, un beau souvenir de la NC 2003, avec une vue à couper le souffle, genre Goulets du Vercors.
Salers, Néronnes

Et pourquoi pas le Puy Mary, aussi ?
On y va.
Et c'est beau. Mais c'est dans la première épingle que je vois le défaut de ne pas avoir de première vitesse : je cale au milieu du virage, incapable de repartir sans caler de nouveau. Bien sûr la bagnole que je venais de doubler me klaxonne, la rustre.
Bon, va falloir éviter les routes à épingle, une gageure sur un trajet Puy Mary - Quillan !
La descente est assez stressante, je m'aperçois que sur des virages bien serrés, le side va vraiment *beaucoup* moins vite qu'une moto.
En fait, en Corrèze on restait sur de la route viroleuse mais "standard", mais le Cantal monte d'un cran en virolos, pis en plus sur ces routes on n'a pas le droit à l'erreur, le fossé est 150 mètres plus bas.
Résultat tout le monde me dépasse sauf les camping-cars.
Les virages gauches sont sympas : pas trop de peur de se renverser (pour "mettre la cabane sur le chien", c'est à dire faire passer la moto par dessus le panier, il faut vraiment insister !), et on se fait assez rapidement à la mise en glisse : quand on freine l'AR, ça fait très bien tourner, avec un peu de dérapage. Comme ça, on tourne quasiment sur place ! Donc pour bien faire, il faudrait rentrer à fond, et piler de l'arrière juste avant de sortir dela route, pour tourner sur place et repartir tout droit dans l'axe de la sortie. Juste, j'ose pas. Lopette, tout ça. Quand j'essaie, je vais trop lentement, je freine avant le bord de la route, et je me retrouve tourné, bien dans l'axe, mais complètement à l'intérieur, sur la voie adverse. C'est pas génial.
Les virages à droite sont à la fois plus faciles et plus stressants : malgré le lest, la peur de lever le panier reste présente. dans les virages en descente, le poids du panier nous entraîne inexorablement vers la voie de gauche.
La théorie, c'est qu'il faut prendre les virages en accélération, pour "tourner autour du panier", en freinant avant le virage.
Bon, freiner avant le virage, je sais faire :-)
Dans les grands virages, je ne sais pas accélérer sans voir la sortie ; c'est là que le frein du panier aide bien, pour tourner autour sans avoir besoin d'accélérer.
Mais quand on voit la sortie, c'est réellement jouissif d'ouvrir en grand dans le virage, et tourner magiquement sans toucher à rien avant de sortir comme une balle. Rhaaaa que c'est bon !
En plus, le side force à taper beaucoup plus fort dans le moteur, on se retrouve souvent ouvert à fond pour relancer le camion. Même avec les pots keihan inox homologués, le bruit du moteur en pleine charge est réjouissant.
Le side c'est bien, on roule à la vitesse d'une AX de retraité, en se prenant pour un pilote, et en fait on est bien un pilote, car réussir à rouler avec ce machin mal fichu est une prouesse improbable.
Avec tout ça, il est 13h et je suis encore à Aurillac, pas tout près de Carcassonne, et j'aimerai bien arriver pas trop tard pour l'apéro.
Donc on profite encore de la route magique des gorges du lot entre Entraygues et Espalion

puis on tombe dans le roulant de la nationale jusqu'à Mazamet, et la traversée de la Montagne Noire, toujours magique, jusqu'à une pause bien méritée à Cuxac-Cabardès, et roule jusqu'à Saint-Just et le Bézu.
Je passe sur le We avec les potes, bien sympa, bon souvenir... mais c'est privé. Lévrier noir a testé le panier, il en est sorti vivant et pas complètement dégouté.
Lundi matin, retour vers le nord. Comme à l'aller, je me suis donné 36 heures pour le trajet, ce qui signifie que je vais passer la journée tout seul avec mon side. C'est mon anniversaire, un vrai anniversaire d'asocial, seul.
Non, pas seul en fait, car Gilles à qui j'ai confié mon secret juste avant de partir, va prévenir tout le monde, et je vais voir ma balade rythmé de petits bip-bips d'arrivée de mails ou de sms. Merci à tous, c'était vraiment sympa de voir ainsi s'égrener l'amitié.
On commence gourmand, Bugarach, le chateau d'Arques
,
celui de Thermes, Félines-en-Minervois...
résultat à une heure j'ai à peine traversé le canal du midi !
La montée entre Félines et La Salvetat sur Algout est heureusement à l'ombre, mais le retour sur le plateau, Saint-Affrique et Rodez se fait sous un soleil de plomb. C'est l'Afrika Korps à Saint-Affrique.
Je suis attendu le lendemain midi à Orléans ; je dois passer d'ici là chez Phizo à Issoire. Bon, on va quand même passer par les gorges du Tarn. C'est pas raisonnable du tout, ça rentre pas du tout dans le planning, mais on ne vit qu'une fois !
gorges du Tarn, toujours aussi magique. oui, c'est bien aussi, le Morvan, les petites routes au milieu des champs... mais regardez ça !
Une fois arrivé à Saint-Eminie, par où passer ? où dormir ?

J'ai encore sur ma carte un post-it avec la bonne adresse du Welqalp de 2001, l'auberge de Malassagne où nous avions si bien mangé ; je ne suis pas loin, peut-être font-ils gite ?

Ben le téléphone répond toujours, mais ils ont pris leur retraite depuis des années, et la maison est à vendre. Désolé, Philo, il faudra trouver une autre adresse !
Pour avoir le temps de passer faire connaissance du Phizo, et de rentrer pas trop tard à la maison pour récupérer les gamins, je me lève tôt, à 5h30.
Je passe par l'ancienne Nationale 9, à coté de l'autoroute, c'est roulant avec quelques passages très sympas, qui me mène au pont de Garabit pour voir le soleil se lever

puis après quelques gouttes sur les gorges de l'Allagnon, j'arrive à Issoire, où j'ai rendez-vous avec Phizo.
Ca fait des années que je croise le Phizo sur des listes diverses, sans jamais l'avoir vu ; Il m'a récupéré une roue alliage de BM, renforcée, qui est passée de Bretagne en Auvergne via la Bourgogne, et qui m'attendait chez lui depuis.
On discute, café tout ça, puis il faut bien repartir.
Je contourne Clermont par l'autoroute, puis j'essaie de prendre la diagonale de Rioms vers Montluçon.
Las, il se met à pleuvoir, et avec les Climax je ne vois absolument rien. Je reprends donc les gorges de la Sioule vers Ebreuil. Coup de pot, la pluie s'arrête, et je profite des derniers virages
.
Le retour par l'autoroute est insupportable. Avec le nouveau reglage vu avec Hervé, c'est mieux, je peux tenir le 110 réel contre 100 à l'aller, mais c'est tout aussi éprouvant.
Il va vraiment falloir que je travaille ces réglages avec quelqu'un qui sait. Là, un trajet par autoroute est plus fatiguant que la route, à part que ça va plus vite.
J'étais lessivé en arrivant, et hop on repart récupérer les momes à Tours, heureusement dans le grand confort d'un espace cimatisé, ça change !
Voilà, quelques souvenirs d'un beau moment.
Je ne regrette vraiment pas, au lieu de deux motos presque interchangeables, j'ai maintenant deux vraies machines à sensation.
Avec le side, tu t'amuses dès 30 à l'heure !
